Cet article est à lire dans notre numéro 11 – Pask Laouen d’an holl, disponible sur ce lien.
L’oubli. L’un des plus grands maux de notre société moderne à l’homme « déconstruit », au citoyen déraciné, à l’identité perdue. Depuis des dizaines d’années maintenant, Philippe Abjean est l’une des figures principales de la lutte bretonne contre l’oubli, par de belles initiatives comme la relance du Tro Breizh, le pèlerinage en hommage aux Saints Fondateurs de la Bretagne en 1994, par la création de l’Ordre de Saint Joseph en 2012 ou par la création de la Vallée des Saints, en hommage au « chapelet de Saints » qui évangélisa notre Bretagne aux V, VI et VII°Siècles.
Dans ce nouvel ouvrage « Apprends-moi les mots qui réveillent un peuple », Philippe Abjean se place dans la lignée des grands chantres de la Bretagne, à commencer par le poète Yann-Ber Calloc’h, Xavier Grall ou l’Abbé Perrot. Non pas seulement face à une « cancel culture » récente chère à la poignée d’irréductibles « wokes » américanisés, mais bien plus largement face à une disparition lente, implicite mais réelle de tout ce qui fait la Bretagne, depuis des siècles, à commencer par son patrimoine spirituel, ses églises, ses chapelles, ses calvaires et ses Saints.
Le constat est dur, sévère, mais juste. On ne peut aimer ce que l’on ne connaît, on ne peut connaître ce qui n’a pas été transmis. C’est par la rupture de cette transmission que la Bretagne a été fragilisée, à commencer par sa langue qui peine à survivre, son histoire millénaire que le jacobinisme souhaite faire oublier, sa culture reléguée au rang folklorique et anecdotique. Mais s’il ne s’agit pas ici de dresser une liste de coupable, Philippe Abjean souligne à juste titre un point essentiel : la Bretagne avait traversé les méandres du XVIII°, XIX° et même début du XX°Siècle grâce à l’Eglise, grâce à des prêtres qui avaient porté la Bretagne dans leurs prières, dans leurs sermons, pour la plus grande Gloire de Dieu. L’Abbé Perrot, Blei Lann Vaus, Maodez Glanndour, Mgr Visant Favé, le chanoine Fañch Falc’hun et tant d’autres qui, tels des « prêtres à la Bernanos », rayonnaient du catholicisme dans nos rues bretonnes.
Et parce que la Bretagne est indissociable du catholicisme, c’est en repartant du socle du Christ, de la prière et de l’Espérance chrétienne que l’édifice complet sera préservé de l’oubli, comme le rappelle le message principal de l’avant-dernière partie de l’ouvrage : « Rechristianisons-nous ! ». Et pour ce faire, Philippe Abjean présente trois grands axes : architectural avec la grande Statue en l’hommage de Sainte Anne, patronne de la Bretagne ; spirituel avec l’Ordre du Silence, où « des missionnaires laïcs, hommes et femmes, mettront au service de tous leurs dons d’amitiés et leurs talents reçus de Dieu » ; culturel enfin le projet StoneBreizh, un « StoneHenge » breton qui mettra en avant l’Histoire et la Culture bretonnes.
« Apprends-moi les mots qui réveillent un peuple ! » fait partie de ces indispensables lectures aujourd’hui, car il pose, en quelques pages, un constat sans appel : l’importance de la transmission, par tous les moyens possibles, de notre Foi catholique bretonne pour la protéger de l’oubli, de la déchéance et de la disparition. N’ayons pas peur d’être ces « missionnaires du Christ en Bretagne » : dans les ténèbres actuelles, à l’heure pascale, où le Christ ressuscité resplendit, n’hésitons pas reprendre les fameuses paroles du Tridal a ra de nos ancêtres : « Ha c’hwi, Aotrou, a reno war ar bed, c’hwi a reno bepred ha da viken ! » (Et Vous, Seigneur, règnerez sur le monde, Vous règnerez éternellement !)
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