Suite aux manifestations corses du mois de Mars, le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a multiplié les discours et prises de parole, allant jusqu’à parler de « l’autonomie possible » de la Corse, en citant les exemples de la Polynésie Française et de la Nouvelle-Calédonie. Dès lors, des voix se sont élevées en Bretagne pour demander qu’une dynamique similaire soit initiée, à commencer par la demande conjointe du Front de Libération de la Bretagne (FLB) et de l’Armée Révolutionnaire Bretonne (ARB), pour une « autonomie ou indépendance de la Bretagne réunifiée ». Quitte à reproduire les « violences corses ».
Il ne s’agit pas ici de donner une analyse politique tranchée, sur un sujet extrêmement complexe. Toutefois, deux points d’attention se distinguent : le premier, c’est l’importance de la définition des mots car autonomie et indépendance ne sont pas interchangeables ; le second, c’est la violence comme moyen d’action, comme apparente voie unique pour faire évoluer une situation complexe.
En premier lieu donc, l’autonomie et l’indépendance ne sont pas équivalentes : la première suppose une responsabilité complète de la Bretagne sur les domaines où elle est compétente, tout en restant dans l’entité française. L’image souvent utilisée est celle des services en entreprise : ceux-ci fonctionnent en autonomie, prise de décision et initiative, tout en restant dans l’entité entrepreneuriale. C’est également le cas de la famille et l’émancipation des jeunes enfants : ils sont autonomes et prennent leur décision en temps voulu, mais font toujours partie de la famille et peuvent bénéficier du soutien (subsidium) du reste de l’entité familiale si besoin. L’indépendance quant à elle est une rupture forte et complète par rapport à l’entité initiale, où la subsidiarité ne s’applique pas : les deux entités sont distinctes et peuvent ne plus entretenir de liens particuliers entre elles. La première suppose la subsidiarité entre les parties d’un tout, la seconde suppose la séparation des parties pour former des nouvelles entités : la sémantique est, de fait, fondamentale ici.
La suite de l’article est à lire dans notre numéro 11 – Pask Laouen d’an holl, disponible sur ce lien.