Si la Chouannerie a durablement marqué l’Histoire moderne de la Bretagne, il est important de comprendre le contexte particulier de cette révolte populaire qui, au plus fort, rassembla près de 50 000 hommes – dont 30 000 bretons. Dans l’Histoire de France dans sa globalité, il y eut régulièrement des soulèvements paysans face à de nouvelles lois, impôts ou décisions – la plus connue restant la Grande Jacquerie de 1358, dont le chef – un dénommé Guillaume Carle aussi surnommé Jacques Bonhomme – donna son nom au soulèvement, et à ceux qui suivirent.
Toutefois, la Grande Jacquerie du XIV°Siècle ne toucha pas la Bretagne, alors indépendante mais en pleine guerre de Succession entre les Penthièvre et les Montfort. Quelques années plus tard, la Bretagne voit la révolte antiseigneuriale de 1489-1490 en Basse Bretagne, où les révoltés réussirent à prendre et piller la ville de Quimper avant d’être battus par une armée de nobles et de citadins. Quelques années plus tard, pendant la guerre de la Ligue, « Des troupes paysannes, encadrées par de petits nobles, attaquèrent plusieurs châteaux en Cornouaille et Léon entre 1589 et 1595. En 1590, le château de Kérouzéré, appartenant à un noble du parti royal, fut pris par « une grande multitude de populace de tout le pays de bas Léon ». En Cornouaille, les paysans « étaient partout sous les armes et avaient, en plusieurs lieux, retranché tous les chemins ». »[1].
Enfin, la révolte la plus connue en Bretagne au XVII°Siècle est celle des Torreben (« casse-lui la tête »), aussi connue sous le nom de celle des Bonnets Rouges. C’est d’ailleurs à cette période que voit la création du Code Paysan, un ensemble de textes revendicatifs approuvés lors d’assemblées générales en Bretagne en 1675, et plus spécifiquement du sud-ouest de la Cornouaille. D’abord motivée pour des motifs économiques, cette révolte a permis de mettre en exergue l’importance vitale que les Bretons donnaient à leurs libertés et spécificités locales, et la défiance entre la bourgeoisie et les paysans (lire à ce propos l’article 13 du Code Paysan, assez édifiant à ce propos).

Si le XVIII°Siècle s’apaise dans ses trois premiers quarts en Bretagne, la Révolution française de Juillet 1789 marque profondément les esprits bretons : le 4 Août 1789, les libertés bretonnes et l’ordre du Clergé sont abolis par la nouvelle Assemblée Constituante, le 11 Novembre 1789 les Provinces elles-mêmes laissent leur place aux nouveaux départements et surtout le 12 Juillet 1790, le rapport Martineau est voté pour devenir la « constitution civile du clergé ». Condamnée par le Pape Pie VI le 10 Mars 1791, cette constitution civile est par la suite complétée par le Décret de déportation des prêtres réfractaires du 29 Novembre 1791 (temporairement bloqué par Louis XVI le 19 Décembre) puis la décret d’exil du 26 Août 1792.
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[1] Michel Nassiet, les luttes anti-seigneuriales dans l’Ouest aux XVI°-XVII°Siècles