Rites jadis incontournables de villes, villages et campagnes, les Rogations (du latin rogare, demander) datent de la fin du V°Siècle, lorsque l’évêque de Vienne Saint Mamert confia à Dieu la bénédiction des fruits de la Terre et la protection contre les catastrophes. Il fixa alors les psaumes et prières nécessaires, à appliquer les trois jours précédant l’Ascension. Cette pratique va rapidement se répandre dans toute la Gaule, et c’est par décision du Concile d’Orléans de 511 que cette période de trois jours est officiellement consacrée aux Rogations.
« Dès son origine, cette prière consiste en une procession, c’est-à-dire une marche solennelle accompagnée de cantiques de supplication. Avec le temps, ces processions furent surtout destinées à demander de bonnes récoltes, en y ajoutant comme de manière annexe une protection contre les calamités ou les guerres, qui débutaient souvent au printemps. Prier et faire pénitence à cette époque peut aussi inciter à une véritable tempérance en une saison où le corps veut dominer l’âme du chrétien. » 1
Dans l’Histoire bretonne, ces processions furent extrêmement présentes et suivies par la population jusqu’au XIX°Siècle : dans nombre de paroisses, la semaine précédant l’Ascension, les paroissiens nettoient et élaguent les différents parcours où les porteurs de bannières passeront. Le premier coup d’arrêt des Rogations vient du Concordat : en 1801, sous l’impulsion de Bonaparte qui trouvait que toutes ces fêtes et jours fériés nuisait à l’assiduité au travail. C’est ainsi que l’Article 41 du Concordat posait « Aucune fête, à l’exception du Dimanche, ne pourra être établie sans la permission du gouvernement ». Bien d’autres éléments sociaux, politiques et religieux ont alors fait oublier, progressivement, les Rogations de nos campagnes.
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