Nous reproduisons ici l’éditorial de Kroaz ar Vretoned n°4 – Histoire et mémoire en Bretagne, à commander via notre boutique en ligne.
Depuis quelques mois, les combats éthiques, moraux et sociaux s’enchaînent sans discontinuer, avec dans leur suite les risques de divisions, de fractures profondes au sein d’une société déjà fragile. Passe sanitaire, vaccination, PMA et GPA, euthanasie, Instruction en Famille ou encore abstention électorale animaient déjà les débats, avec leur lot de passions et d’incompréhensions, à l’heure où le Pape François publiait le nouveau Motu Proprio Traditionis Custodes (Gardiens de la Tradition). Comme une goutte d’eau dans un vase déjà brisé…
Face à tous ces sujets complexes où nombre de catholiques français et bretons peuvent se sentir tristes, perdus et confus, il est important de se ressourcer sur les rocs spirituels de l’Eglise, à commencer par ce principe énoncé par Saint Augustin : « In necessaris unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas » (L’unité dans les choses nécessaires, la liberté dans les choses douteuses, la charité en toutes choses).
L’unité de l’Eglise, leitmotiv du nouveau Motu Proprio, doit être au cœur de nos réflexions aujourd’hui. Face à la déferlante d’initiatives mortifères contre la famille, contre le mariage et contre nos libertés, l’Eglise doit être le réconfort de tous, un lieu où la charité fraternelle répond à l’individualisme consumériste. Le nouveau Motu Proprio suscite, à raison, des inquiétudes pour les catholiques attachés à la Forme Extraordinaire du Rite Romain, et la colère stérile, menant au séparatisme, pourrait être une tentation pour beaucoup. A cette légitime incompréhension répond une belle invitation à l’obéissance au Saint Père, à l’humilité et surtout à l’Espérance dans les voies providentielles. Nombre d’évêques, à l’instar de Mgr Rey, ont redit leur confiance dans les paroisses où la Forme Extraordinaire du Rite Romain est célébrée, et auront assurément à cœur de protéger cette tradition, si importante pour notre Foi. C’est donc ici, dans l’incertitude et l’incompréhension, un bel appel à l’abandon à la Providence divine.
De son côté, la liberté souffre aujourd’hui d’une satiation verbale dangereuse, où son utilisation à outrance a pu faire oublier son sens profond et ce qu’elle implique. A ce sujet, le Magistère de l’Eglise, et tout particulièrement les Encycliques Immortale Dei et Veritatis Splendor, mériteraient d’être relues, tant elles pourraient éclairer les débats et les passions actuelles autour du passe sanitaire, et la place de la liberté face à la sécurité. Ainsi, s’il faut absolument se garder de faire de la liberté un absolu en toute chose, il faut garder en tête que Liberté, Vérité et responsabilité se trouvent intrinsèquement liées. L’injonction vaccinale, induite par l’ostracisation des réfractaires, pose la question de la simple possibilité d’exercer son libre arbitre, en un temps où le doute et la prudence seraient pourtant de mise.
Enfin, dans ces moments complexes où l’unité de l’Eglise, la dignité humaine et la liberté de conscience sont au centre des attentions, la charité doit transparaître dans toute chose. Cette charité qui, dans le cœur des bretons, reste attachée à Sainte Anne, Dame pleine de douceur, Rouanez karet en Arvor !
« Intron lan a zoustér, é holl hon dobérieù, diskoeit én hor hevér gelloud ho pédenneù » (Dame pleine de douceur, en tous nos besoins, Montrez pour nous la puissance de vos prières.).