Cet article est tiré de notre numéro 17 – Saints et Saintes de Bretagne, via notre boutique.
Si l’histoire des apparitions de Sainte Anne au laboureur Yves Nicolazic sont certes connus d’un grand nombre de bretons, peu d’ouvrages historiques s’intéressent au contexte, aux dynamiques ecclésiales, politiques et sociales de de ce début du XVII°Siècle. C’est l’une des grandes forces de l’ouvrage de Patrick huchet, qui remet ainsi en perspective ces miracles de Sainte Anne par rapport au reste de l’édifice social de l’époque, à commencer par les effets de la Contre-Réforme catholique (fin XVI°-début XVII°siècle).
Ainsi, si le lecteur découvre évidemment les miracles et apparitions en tant que tels, l’ouvrage développe longuement l’après, à savoir la réception de ces miracles narrés par un simple laboureur. Loin d’être un accueil exalté et direct, c’est le récit d’un long chemin fait d’interrogatoires, de preuves et procédures complexes, qui fait tout l’intérêt de la Grande histoire de Sainte Anne d’Auray : La confrontation entre Nicolazic et son recteur au siège de l’évêché, l’interrogatoire qui suivit au couvent des capucins, les premiers pèlerinages d’abord assurés par les capucins puis par les Carmes (à partir de 1628), etc…
Le lecteur pourra également apprécier et découvrir les belles conséquences du renouveau de cette dévotion à Sainte Anne, au travers par exemple des reliques et ex-voto offerts à Sainte Anne par la Cour de France à la naissance de Louis XIV (1638) ou à la naissance du Duc de Bourgogne (1682), ou encore au travers de la confrérie de Sainte Anne (créée par la Reine de France Anne d’Autriche). Même les tourments de la Révolution française et l’acharnement des révolutionnaires contre le Sanctuaire de Sainte Anne n’auront raison de la ferveur populaire pour sa Sainte patronne.
Si l’ouvrage se veut d’abord ludique et simple d’accès, il souligne à propos un point trop souvent oublié de cette belle et grande histoire de Sainte Anne : Dès les premiers siècles et jusqu’à aujourd’hui, Sainte Anne a une place toute particulière dans les cœurs et prières bretonnes, une ferveur qui a su résister aux usures du temps, des aléas politiques et économiques, des guerres et des atrocités, pour être encore aujourd’hui source de grâces multiples. Cet attachement n’est pas issu d’une pseudo-tendance bretonne à la superstition, qui n’aurait certainement pas résisté à toutes ces tempêtes, mais à l’empreinte unique de Sainte Anne dans l’essence même de la Bretagne, comme le disait Saint Pie X en la consacrant, le 26 Juillet 1914, « Patrona Provinciae Britanniae » : « Aimez-la bien, cette bonne sainte Anne. Continuez à placer vos foyers sous sa protection. En mettant Marie au monde, elle a donné à l’humanité la plus merveilleuse des créatures, la plus sainte des femmes, le chef d’œuvre de Dieu. N’est-ce pas assez pour que vous l’aimiez et l’honoriez d’une manière unique ? Revo mélet Kalon Glan Mari ! Revo mélet Santez Anna Patronez vad er Vretoned !»
