Merveille du Monde catholique occidental, le Mont Saint Michel trône depuis près de 1300 ans à la frontière actuelle entre la Bretagne et la Normandie. Près de deux millions de touristes viennent, chaque année, admirer l’architecture unique de ce Mont inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco en 1979. Mais le Mont est-il breton ou normand ? L’Histoire officielle se fonde principalement sur l’ouvrage Revelatio ecclesiae sancti Michaelis, rédigé au IX°Siècle dans un contexte où Erispoé venait d’obtenir le Comté de Rennes et le titre de Roi de Bretagne de la part du Roi Charles Le Chauve. Cette source tend alors à vanter l’appartenance normande depuis sa fondation au VIII°Siècle, en oubliant que le duché de Normandie n’a été fondé qu’en 911 par Rollon. Entre histoires, conquêtes et légendes, nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur cette page de l’Histoire de Bretagne.
A la fin du VII°Siècle, Saint Aubert – futur évêque d’Avranches, reçoit en songe la visite de l’Archange Saint Michel qui l’enjoint par trois fois de lui bâtir un sanctuaire en haut du Mont Tombe. La dernière fois, l’Archange lui imposera son doigt et le Saint évêque se réveillera alors avec la marque de l’Ange. L’église est alors bâtie en 708, et plusieurs chanoines s’y installent. A ce moment-là, la Bretagne telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existe pas encore : Saint Judicaël s’était éteint depuis près de 50 ans, et Nominoë n’arrivera qu’un siècle plus tard. Ainsi, le Mont n’est-il ni breton ni normand, mais seulement rattaché au Diocèse d’Avranches. Il sera dédié à Saint Michel au début du IX°Siècle par Charlemagne.
Toutefois, Nominoë – Tad ar Vro – rentre en conflit ouvert avec l’administration franque en 842 et remporte les deux batailles de Messac (843) et Ballon (845), qui impose au Roi Charles le Chauve la reconnaissance de son autorité sur la Bretagne. Son fils Erispoé sera à son tour en 851 vainqueur du Roi franc et sera dès lors Roi de Bretagne, en obtenant également le Comté de Rennes qui jouxte le Mont Saint Michel. Par le Traité de Compiègne (868), c’est Saint Salomon de Bretagne qui récupère le Cotentin et l’Avranchin : le Mont Saint Michel devient donc dès lors breton.
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