Saints bretons

Les Saints bretons sauroctones

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Si certains Saints bretons sont facilement reconnaissables par leurs attributs, comme le loup de Saint Hervé, la céphalophorie de Sainte Noyale ou de Sainte Tréphine, le bœuf de Saint Cornély, d’autres saints possèdent des attributs particuliers, à savoir des dragons, vouivres, serpents et lézards. Ces Saints, à la suite de Saint Georges et Saint Michel, sont appelés « Saints Sauroctones », à savoir « tueurs de dragons/lézards ».

Et la Bretagne peut se targuer d’avoir eu un nombre conséquent de Saints pourfendeurs de dragons et lézards : L’un de ses saints fondateurs, Saint Tugdual, terrassa le dragon près de Tréguier ; Saint Armel jeta le serpent dans la Seiche ; Saint Derrien tua le dragon de l’Elorn pour protéger l’enfant Saint Rioc ; Saint Gildas terrassa le dragon de la grotte de Peuvin ; Saint Efflam tua le dragon près de Prestin-les-Grèves, …

Tous ces combats et victoires font, de fait, écho aux douze itérations de la figure du Dragon dans la Bible, avec plus spécifiquement le combat de Saint Michel dans le Livre de l’Apocalypse : « Il y eut alors un combat dans le ciel : Michel, avec ses anges, dut combattre le Dragon. Le Dragon, lui aussi, combattait avec ses anges, mais il ne fut pas le plus fort ; pour eux désormais, nulle place dans le ciel. Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui. ».

Historiquement, cette victoire du Saint Catholique contre la figure du dragon a surtout été relayée comme image de la victoire de l’Evangile face à l’antique religion païenne, avec parfois une véritable belle conversion du saurien. Par exemple, Saint Pol n’eut pas à proprement combattre le dragon de l’île de Batz, mais parvint à maîtriser la bête en lui passant l’étole autour du cou. Calme, obéissant et docile, l’animal fut emmené « en laisse » par le Saint pour y rejoindre les profondeurs du « Toul ar Sarpant ».

En Bretagne, chaque combat de Saint sauroctone est lié à un lieu, à une géographie, à une histoire toute particulière. Saint Méen par exemple, et son combat face au dragon près du Cellier, est profondément lié à la beauté du paysage et de son coteau, tout comme le Rocher du Dragon dans la baie de Saint Malo, où fût libéré Saint Rioc, reste de toute beauté.

Même si aujourd’hui l’allégorie est toujours utilisée pour narrer ces hagiographies bretonnes, préférant le fantastique et l’imaginaire pour atténuer la réalité, ces hagiographies ont traversé les siècles non pas comme de simples histoires enfantines, mais comme de véritables récits qui mettaient en avant le courage, l’Espérance, la force de la prière, le rejet du péché et l’inéluctable victoire du Christ sur le mal, dans sa figure la plus horrible. Ces Saints sauroctones ont donc une place toute particulière dans le chapelet de Saints bretons, aux côtés des grands saints navigateurs, céphalophores ou évangélisateurs : ils incarnent le courage catholique, le courage de la Foi, une vertu qui manque parfois cruellement aujourd’hui.

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