Chouans en embuscade -_Évariste_Carpentier
Editorial

L’esprit chouan

Voici l’éditorial de notre numéro 14 – La Chouannerie, à commander sur notre boutique :

Comme souvent, il est bon de faire un pas de recul pour pouvoir poser quelques réflexions sur notre situation actuelle, au regard des leçons de l’Histoire. La Chouannerie, sur ce point, est éclairante à plus d’un égard : bretonne dans son essence, populaire dans sa dynamique, elle a illustré la réponse viscérale d’un peuple face à l’atteinte caractérisée des jacobins aux points non-négociables – leur Foi, leurs prêtres, leur langue, leur culture même.

Loin d’être ces « brigands » que certains ouvrages de l’Education Nationale nous dépeints, ces paysans, agriculteurs et éleveurs, ne sont pas rentrés en résistance par plaisir ou simple esprit belliqueux. C’est parce qu’ils ont considéré que ce coup de force politique était inacceptable, parce que la ligne rouge avait été franchie, parce que le Bien Commun breton, la défense de leur Foi et leur Patrie, la sauvegarde des générations futures, valaient plus que leur simple vie. Et cet esprit chouan nous renvoie aujourd’hui aux vertus théologales, par ce triple exemple de Foi, d’Espérance et de Charité de nos ancêtres bretons.

Exemple de Foi d’abord des prêtres réfractaires qui, même face au risque de déportation et d’exécution, avaient préservé leur première fidélité à Dieu et à l’Eglise au lieu d’une obéissance à la Convention Civile du Clergé. Cet exemple de fidélité des prêtres a trouvé une résonance toute particulière dans la fidélité des chouans qui les protégèrent, en prenant le risque de la clandestinité pour leur Foi – notamment suite à l’interdiction du culte chrétien en Novembre 1793.  Demain, si nous étions confrontés aux mêmes risques, serions-nous prêts à mettre nos pas dans ceux des chouans, par fidélité à l’Eglise ? Rien n’est moins sûr !

Mais cet exemple de Foi reste indissociable des exemples d’espérance et de courage, car ce sont ces deux valeurs qui assurent la motivation de la Chouannerie : Doue ha mem Bro, devise des chouans, en représente l’essence même. Dieu premier servi, à tout instant et pour tout, avant même la Patrie bretonne pourtant si chère à leurs yeux. Aujourd’hui, dans notre société, ces deux valeurs ont été majoritairement remplacées par l’individualisme, l’hédonisme et le consumérisme : qui serait prêt à quitter son confort quotidien, ses plaisirs égocentrés et ses loisirs, pour lutter pour une cause, même juste ?

Les chouans l’ont fait, les vendéens également. A la suite du Marquis de la Rouërie, du Chevalier de Boishardy ou de Georges Cadoudal, ils ont fait le choix du Christ et de la rébellion quand la ligne rouge a été franchie. Nous vivons aujourd’hui une autre époque, et il n’est pas à souhaiter que nous ayons, un jour, les mêmes choix à faire – la guerre étant, en tous points, une chose atroce. Toutefois, il est important de se poser simplement cette question de la ligne rouge : quelle limite sommes-nous aujourd’hui en mesure de poser, individuellement, au pouvoir politique en place ? Quel point non-négociable posons-nous, en conscience, aux décisions du système ? Il n’y a pas de bonnes réponses, chacun étant renvoyé à sa propre conscience.

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