Cet article est extrait de notre dernier numéro Kroaz ar Vretoned n°19 – « Anne de Bretagne, duchesse très chrétienne », à commander sur notre boutique.
L’adage « Lex Orandi, lex Credendi » (La loi de la prière est la loi de la Foi) est sans aucun doute l’un des plus connus du Catéchisme de l’Eglise Catholique. Attribuée au disciple de Saint Augustin, Prosper d’Aquitaine vers 390-455, cette formule était déjà connue des Pères de l’Eglise, qui l’utilisaient notamment pour souligner l’importance de la compréhension des mots, pour le bienfait spirituel de la participation à la liturgie. L’actuel Catéchisme de l’Eglise Catholique développe l’adage ainsi : « La foi de l’Église est antérieure à la foi du fidèle, qui est invité à y adhérer. Quand l’Église célèbre les sacrements, elle confesse la foi reçue des Apôtres. La loi de la prière est la loi de la foi, l’Église croit comme elle prie. ».
De ces éléments complémentaires, deux points peuvent ainsi être soulignés : En premier lieu, la Foi de l’Eglise est antérieure à celle du fidèle, ce qui sous-entend que les sacrements et plus largement encore les rites sacramentels, n’ont pas à s’adapter au bon vouloir du fidèle, en fonction du contexte sociétal, économique ou politique. Ce point a été particulièrement été mis en lumière dans le cadre du récent Synode sur la Synodalité par exemple, où un grand nombre de fidèles se sont ainsi permis d’émettre des opinions et critiques sur les rites sacramentels, que ce soit sur l’ordination (comme en Suisse ou aux Etats Unis en 2022), sur l’Eucharistie ou même sur la Confession. Ce à quoi l’Eglise répond : « Parce que les actions liturgiques ne sont pas des actions privées (…) leur discipline dépend uniquement de l’autorité hiérarchique de l’Église (…). C’est pourquoi il n’est permis à personne, même au prêtre, ni à un groupe quelconque, d’y ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit de son propre chef.»[1].
Il a toujours été dans les tentations humaines de vouloir adapter les rites et sacrements aux contextes et évolutions : le Bienheureux Julien Maunoir ou le Vénérable Michel Le Nobletz ne s’étaient-ils pas déjà élevés face aux dérives observées pendant les Pardons bretons ? Saint Melaine n’avait-il pas dû intervenir au V°Siècle face aux dérives des prêtres Lovocat et Catihern ? Aujourd’hui, à l’heure où la Catéchèse n’est qu’imparfaitement transmise aux jeunes générations dans la plupart des cas, la dérive peut être facile, inconsciente mais profondément dramatique. D’où une attention sans cesse nécessaire des catholiques fidèles à la préservation des rites sacramentels dans nos paroisses !
Dans un second temps, l’adage « Lex Orandi, lex Credendi » rappelle que l’Eglise croit comme elle prie, et le Pape Benoit XVI complétait : « La foi apprend aussi à nous agenouiller. C’est pourquoi une liturgie qui ne connaîtrait plus l’agenouillement serait intrinsèquement malade. Il faut réapprendre à nous agenouiller, réintroduire l’agenouillement partout où il a disparu, afin que, par notre prière, nous restions en communion avec les apôtres et les martyrs, en communion avec le cosmos tout entier, en union avec Jésus-Christ »[2]. Ainsi, pourquoi ne pas reprendre cette belle habitude de s’agenouiller face au Christ lors de nos Messes, lors des moments d’Adoration ou pendant nos Pardons, à la suite des bannières qui auraient – elles aussi – le soin de montrer leur dévotion par l’abaissement traditionnel ?
[1] Sacrosanctum concilium, Saint Jean Paul II
[2] Benoît XVI, L’Esprit de la liturgie, Ad Solem, 2001.