Pénurie de main d'oeuvre - travail
Bretons dans la Cité

Pénurie de main d’oeuvre, ou la peine au travail

Aujourd’hui, il y a entre 200 000 et 300 000 offres d’emplois non-pourvues dans le domaine de la restauration, estime L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, avec un risque de pénurie particulièrement fort cette année. Ce chiffre peut sembler étrange quand il est comparé à celui du chômage, qui frôle les 7.4% en France et 5.8% en Bretagne, région avec le plus faible taux de chômage. Toutefois, de nombreux restaurateurs bretons sont déjà impactés par cette problématique d’emploi et évaluent déjà la possibilité de limiter les services, fermer le restaurant plusieurs jours par semaine ou tout autre solution à court terme.

Pour beaucoup, c’est d’abord l’impact de la période COVID, et l’augmentation des normes sanitaires qui sont à la base de cette problématique : « Les gens ont gouté au fait de rester chez soi, d’avoir ses soirées, ses weekends. Etre en famille. […] La restauration, c’est un métier contraignant, dur mentalement et physiquement. Et les saisons, c’est très intense« . De fait, ce point est confirmé par la même tendance dans d’autres métiers aussi contraignants, comme le bâtiment, le nettoyage, les transports ou encore dans le domaine santé-social. Et si le manque de formation peut parfois expliquer certaines difficultés, c’est plutôt la pénibilité du travail sur qui s’indexe le taux de recrutement ou, plutôt, le risque de pénurie de main d’œuvre. Dans certains domaines, les premières solutions viennent de l’emploi de réfugiés pour pouvoir pallier le manque de personnel.

Ainsi, ils sont près de 200 jeunes d’origine étrangère à suivre une formation dans les CFA Bâtiment de Bretagne, et sont prêts à pourvoir ces postes désertés par les français – pourtant nombreux au chômage.

Et tous ces points résonnent étrangement avec ces quelques mots tirés de l’ouvrage Vers un ordre social chrétien, de René de la Tour du Pin (1907) : « Pas de loi plus constante que celle qui fait du travail l’agent nécessaire de toute production. Mais l’homme cherche à se soustraire à cette loi car il peine pour travailler. Il tente de supprimer cette obligation soit en cherchant des instruments capables de lui épargner les tâches les plus pénibles (c’est là le principe, du progrès économique), soit en rejetant par force ces tâches pénibles sur d’autres hommes (c’est le principe de l’esclavage et de l’usure). Quand le travail est honoré, on lui reconnaît un droit, il s’organise, la collaboration professionnelle fleurit et avec elle l’apprentissage « qui conserve l’acquit de la veille et prépare le perfectionnement du lendemain », la production est réglée de manière à suffire aux besoins de la population sans les dépasser. Ainsi le métier devient « une propriété d’un rapport assuré » et la famille, comme la cité, est stable. Dans les sociétés où, au contraire, on tend à rejeter la loi du travail, la considération s’attache, à ceux qui réussissent le mieux à s’enrichir sans travail. »

La suite de cet article est à lire dans notre numéro 13 – Le Mont Saint Michel et les bretons, à commander sur notre boutique.

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