Voici l’éditorial de notre dernier numéro Kroaz ar Vretoned n°19 – « Anne de Bretagne, duchesse très chrétienne », à commander sur notre boutique.
« Le véritable exil n’est pas d’être arraché de son pays, c’est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer » Edgar Quinet
La figure historique d’Anne de Bretagne, sans aucun doute la plus connue des duchesses bretonnes, résonne particulièrement aujourd’hui pour le combat breton. Car elle répond, simplement mais avec toute sa légitimité historique, à la question bretonne au XXI°Siècle : quel avenir pour notre Bretagne catholique, quelle espérance pour cette terre aux milliers de Saints ?
En premier lieu et pour suivre l’adage connu, « il n’est de bon remède qu’à un diagnostic bien établi » et force est de constater que l’état actuel de la Bretagne ne peut être imputé au seul jacobinisme français. Certes, celui-ci bloquant toute initiative bretonne, il agit assurément comme l’ancre constamment sortie d’un bateau breton qui souhaiterait prendre le large. Mais le veut-il réellement ? Combien de bretons souhaitent réellement soutenir la langue bretonne, soutenir les initiatives bretonnes, connaissent même l’histoire de leur pays breton ? Combien de ces bretons participent réellement à la sauvegarde du patrimoine breton, à la préservation de l’identité culturelle, historique et social de la Bretagne ? Récemment, un appel des députés bretons à la préservation de l’enseignement de la langue bretonne a été lancé : a-t-il été fortement soutenu par les bretons ?
La vraie question bretonne n’est donc pas, pour le moment en tout cas, celle de l’autonomie ou de l’indépendance, mais bien celle de la survie de son essence même. Anne de Bretagne l’avait bien compris, elle qui ne parlait pas breton : la langue sublime l’ensemble et fait résonner la cloche bretonne tel le battant, partant de la patte pour frapper la faussure avec force. Mais sans la caisse de résonance, le battant ne peut résonner seul : c’est pour cette raison qu’à la mort de Charles VIII et pour renforcer le Duché face au péril français, elle fit battre monnaie, restaura la chancellerie bretonne, convoqua les Etats de Bretagne. Elle n’était pas seulement Duchesse de Bretagne : elle incarnait la Bretagne, en s’appuyant sur le socle catholique et populaire qu’elle aimait tant.
« La bonne Duchesse », comme la surnommait La Borderie, est alors une bonne boussole pour notre Bretagne de Demain : la Bretagne que nous aimons est avant tout catholique et populaire, et ne peut donc se défendre par la haine de l’autre, ou par l’individualisme consumériste. Le sursaut breton n’interviendra alors que par l’entraide désintéressée de l’ensemble des catholiques bretons autour de projets communs, pourquoi pas autour d’un Emsav vraiment catholique, comme le soulignait il y a quelques jours nos amis d’Ar Gedour. SOS Calvaires, Feiz e Breizh, Ar Gedour et bien d’autres pourraient alors former ce terreau nécessaire à la floraison de notre belle Bretagne de demain : Bevet Breizh !