Cette histoire est tirée du numéro 23 d’O lo lê, publié en Mai 1941 – disponible dans notre numéro 12 « Sainte Jeanne d’Arc et la Bretagne », disponible sur ce lien.
Yves Héloury, que tous les enfants du voisinage aimaient beaucoup, comme on le conçoit facilement, ne manquait pas de visites à Kermartin. A cette époque d’ailleurs, où les relations lointaines étaient assez rares, les familles se voyaient souvent d’un château à l’autre. Tous, seigneurs, dames et enfants montaient à cheval, et galopaient à travers les plaines et les vallons, le long des sentiers qui servaient de chemin aux voyageurs. Le pieux enfant exerçait déjà une sorte d’apostolat parmi ses jeunes camarades, et plus d’une fois, le bon Dieu les rendit témoins des merveilles qu’il opérait en sa faveur. Son père lui confiait la garde de ses champs, peut-être même parfois de ses troupeaux car la vie de château n’était pas ce qu’elle devint depuis, une vie de désoeuvrement et d’ennui où l’on ne savait que faire pour tuer le temps.
Un jour donc, chargé de défendre le grand courtil, nouvellement ensemencé, contre les ravages des innombrables pigeons qui peuplaient les colombiers du voisinage, Yves reçoit la visite de quelques jeunes amis de la presqu’île et des environs.
Pour avoir le temps de se livrer à leurs pieux amusements, prières, processions, messe peut-être, et chanter comme à l’Eglise de Saint Tugdual, Yves imagina de se faire aider par eux à porter les treillis de la charrette et une vieille roue de voiture à l’entrée du champ.
Les pigeons qui les regardaient travailler du haut de leur donjon, ne durent être guère effrayés de ces naïves précautions, et cependant les enfants purent s’absenter sans qu’un seul de ces pillards descendit dans le courtil ; un ange en défendait l’entrée pendant que les pieux enfants se livraient à leurs saints amusements.
