Voici l’éditorial de notre dernier numéro Kroaz ar Vretoned n°17 – « Saints et Saintes de Bretagne », à commander sur notre boutique.
« Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. »[1]
Il est parfois complexe aujourd’hui de savoir apprécier toutes ces grâces du quotidien, dans une surmédiatisation des évènements tristes et dramatiques. Géopolitique tendue, contextes sociaux-économiques complexes et difficiles, où certains médias relayent, parfois avec une perversité malsaine, plus volontiers les faits divers morbides que les réussites quotidiennes. Même au sein de l’Eglise, nous pourrions facilement nous sentir déstabilisés par tant de faiblesses humaines, par les dissensions et divergences, les blessures et les imperfections de tous ses membres.
Si notre époque n’est pas idéale – loin de là même -, elle est toutefois loin d’être la pire pour les catholiques : au X°Siècle, c’est par la réforme grégorienne que l’Eglise a pu sortir d’une crise profonde, où la simonie (commerce des biens spirituels) avait touché même les sphères papales (le Pape Benoît IX sera excommunié le 22 Décembre 1046 pour simonie). Aux XV°et XVI°siècles, dans la période qui précède le développement de la Réforme protestante, c’est la suite du grand Schisme d’Occident et le développement commerce des indulgences qui bouleversent l’Eglise. Mais dans ces tempêtes se sont toujours levés ces Saints qui rappelèrent, par leur exemple, toute la force et la beauté de l’amour du Christ. Comme le disait le Pape Saint Pie X dans son Exhortation Apostolique Haerent Animo : « Ayez devant les yeux ces phalanges d’hommes, aussi remarquables par leur nombre que par leurs mérites, qui, à l’imitation des Apôtres, au milieu des opprobres les plus cruels supportés pour le nom du Christ, allaient joyeusement, bénissant ceux qui les maudissaient ».
Ces Saints ont su, dans les moments les plus difficiles, suivre les pas du Christ et témoigner de la plus belle des manières de son amour. Mieux, au sein d’une société meurtrie et déchirée, même face au martyre et à la persécution pour leur Foi, ils restaient confiants dans la puissance de la Grâce de Dieu, et la Divine Providence. Le « cantique sur l’échafaud » du Bienheureux Pierre René Rogue, montant à une mort certaine en 1796, reste d’une rare beauté : « Que mon sort est charmant, mon âme en est ravie ! Je goûte en ce moment une joie infinie. Que tout en moi publie les bontés du Seigneur ».
Même si parfois l’exercice nous paraît complexe, il peut être salvateur de savoir apprécier toutes ces petites grâces du quotidien, tous ces « petits clins Dieu » dont nous sommes comblés, quitte à délaisser momentanément le suivi télévisuel des dernières catastrophes internationales. De fait, au lendemain de la fête de la Toussaint, nos Saints bretons et français sont autant d’appels à apprécier la beauté de la création et à scruter, avec la joie simple de l’enfant comblé, tous ces petits dons de Dieu dans notre quotidien.
[1] Exhortation Apostolique Gaudete et Exsultate, Pape François, 2018