Aborder la vie de l’Abbé Perrot est toujours un exercice délicat, même pour l’auteur le plus talentueux, même pour le biographe le plus documenté. Parce qu’aujourd’hui, l’Histoire ne se conçoit malheureusement qu’avec manichéisme et raccourcis, les mêmes diffamations et calomnies colportées il y a 70 ans subsistent et perdurent. Face à cet amer constat, Youenn Caouissin a choisi la voie pédagogique de l’écriture, de la documentation et même, de l‘homodiégétique (récit à la premier personne) pour pouvoir narrer, sources à l’appui, le récit de la vie de l’Abbé Perrot.
Ce choix homodiégétique, servi par une plume efficace, donne du corps à l’ouvrage : les dates restent, les étapes s’enchaînent, mais le récit lui, se vit et les choix s’éclairent. De l’expérience de la Kenvreuriez ar Brezoneg au Séminaire à la fondation et au développement du Bleun Brug et du Feiz ha Breizh, ces choix de l’Abbé Perrot s’expliquent très simplement par deux leviers fondamentaux, résumés en cette simple devise Evit Doue ha Breizh (Pour Dieu et la Bretagne), comme le rappelle Mgr Centène dans la préface de l’ouvrage. Le lecteur pourra ainsi ressentir l’importance de ces leviers dans les étapes clés de la vie de l’Abbé Perrot, que ce soit par le chantier du Buez ar Zent (Vie des Saints) ou encore du Barzaz Bro Leon, son dévouement pendant la Première Guerre Mondiale ou encore sa lutte contre le jacobinisme anticlérical de la III°république et pour la préservation de la langue bretonne.
Mais Youenn Caouissin, loin de faire de l’Abbé Perrot un prêtre hors sol, l’intègre dans une Bretagne en pleine mutation, un peuple breton frappé dès le début du XX°Siècle par les coups d’une république aux abois. En 1902, c’est la langue bretonne qui est d’abord frappée par les décrets du Ministre Combes, interdisant aux prêtres l’usage du breton dans l’enseignement, en chaire et au catéchisme. L’Eglise elle-même est persécutée en 1905, et malgré l’opposition populaire au son du cantique « Da feiz hon Tadoù kozh » (A la foi de nos Pères), les procédés de déchristianisation et de débretonnisation sont alors en marche. La Première Guerre Mondiale aura également un impact incommensurable sur la société bretonne et même française, par les deuils subis, les douleurs inimaginables infligées aux familles, qui éloignèrent bien des foyers des chemins de l’église.
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